Cinq héroïnes littéraires inspirantes et féministes
Par Céline B. pour BU
Dans un monde post-scandale #MeToo, à une époque où la parole se libère et où les esprits se dénouent chaque jour un peu plus, les figures féminines inspirantes se multiplient. D'Adèle Haenel à Kamala Harris, elles représentent autant de visages et d'âmes qui donnent envie à des milliers de femmes de faire valoir leurs voix et leurs pensées. Depuis toujours, la littérature a, pour sa part, mis en valeur de beaux et grands portraits de femmes réservant à ses (véritables) héroïnes des tourments et des péripéties ayant forgé leurs caractères. Zoom sur cinq d'entre elles, nées sous la plume de leurs auteur(e)s, à jamais marquantes pour les générations passées, présentes et futures.

Jane Eyre – Jane Eyre, de Charlotte Brontë
En évoquant Jane Eyre, il est impossible de dissocier l’œuvre de son autrice, Charlotte Brontë. Poétesse et écrivaine comme ses deux sœurs, Emily et Anne, la romancière goûte le plaisir des lettres par l'intermédiaire de son père, le révérend Patrick Brontë, qui leur insuffle les connaissances de ses études classiques. Pourtant, alors que les textes de ses sœurs sont acceptés par un éditeur, son premier récit, The Professor, se voit refusé – sept fois ! - en 1847. La même année, et avec la condition de paraître sous le pseudonyme de Currer Bell, Jane Eyre est édité chez Smith, Elder & Co. Inattendu, le succès est instantané, si bien que les romans de ses sœurs sortent dans la foulée grâce à son impulsion. Ainsi, il a été prouvé que Charlotte Brontë s'était inspirée de sa propre vie pour composer le personnage de Jane Eyre. À son sujet, elle dira, d'ailleurs, qu'elle souhaitait « montrer une héroïne aussi simple et aussi petite [qu'elle] ».
En relisant Jane Eyre de nos jours, le propos demeure incroyablement contemporain, vecteur de questionnements éducatifs et féministes qui sont plus que jamais d'actualité. Charlotte Brontë a fait de son héroïne une jeune femme déterminée, malgré la maltraitance et les brimades subies durant son enfance, qui a su transformer son statut d'orpheline et sa solitude en forces de frappe. Dans la seconde partie du roman, tandis qu'elle devient professeure chez Edward Rochester, l'écrivaine lui offre une conscience morale admirable lorsqu'elle délaisse son histoire d'amour pour ne pas enfreindre ses valeurs. Au-delà des épreuves, son estime d'elle-même est suffisante pour qu'elle refuse de devenir la maîtresse d'un homme déchiré et cela, au prix de longues années de souffrance. Charlotte Brontë lui imaginera, tout de même, une fin plus douce que prévu en lui faisant retrouver ce à quoi elle avait renoncé : une vie, auprès de son unique amour et de son fils, digne de sa résilience et de sa loyauté.

Elizabeth Bennet – Orgueil et préjugés, de Jane Austen
Comme nombre d'autrices de son époque, Jane Austen a affronté de grandes difficultés avant de pouvoir signer ses ouvrages de son propre nom. En 1813, elle cède le manuscrit d'Orgueil et préjugés à un éditeur londonien, Thomas Egerton, pour une somme de 110 livres sterling. Le roman est publié anonymement sous la mention « par l'auteur de Sense and Sensibility » et sa première édition s'écoule à 1500 exemplaires au bout de six mois. À ce moment et en dépit du succès connu par son œuvre, Jane Austen est privée de son statut d'écrivain par sa condition de « femme de la bonne société ». Il lui faudra attendre 1833 pour que son nom n'apparaisse enfin dans l'édition des Standard Novels Series de Richard Bentley.