Cinq prix Goncourt qui ont marqué l'histoire littéraire
Par Céline B. pour BU
Mettant à l'honneur des auteurs d'expression française, l'Académie Goncourt a été fondée en 1902 alors que son emblématique premier prix fut proclamé dès le 21 décembre 1903. Décerné au mois de novembre, il couronne le « meilleur ouvrage d'imagination en prose paru dans l'année » et reste, à ce jour, l'une des récompenses littéraires les plus convoitées. Tandis que le jury vient de rendre son verdict en distinguant L'Anomalie d'Hervé Le Tellier lors de son édition 2020, retour sur cinq récipiendaires qui ont marqué l'histoire de la littérature.
À l'ombre des jeunes filles en fleurs, de Marcel Proust (Gallimard, 1919)
Impossible d'évoquer les lauréats du prix Goncourt sans citer l'un des plus célèbres d'entre eux : Marcel Proust. Deuxième tome de son incontournable Recherche du temps perdu, il poursuit le périple du narrateur, sa rencontre avec Gilberte Swann et son départ pour Balbec. Avec ce roman, l'auteur brigue pour la seconde fois le Goncourt après avoir déjà proposé, en 1913, Du côté de chez Swann, et l'obtient grâce à l'appui de ses amis Louis de Robert, Lucien Daudet et J.-H. Rosny.
La Condition humaine, d'André Malraux (Gallimard, 1933)
Troisième et dernier volet de la trilogie asiatique initiée par André Malraux après Les Conquérants et La Voie Royale, La Condition humaine figure aujourd'hui parmi les meilleurs romans du demi-siècle. En s'inscrivant dans l'existentialisme fondé par Kierkegaard, André Malraux affirme son désir de « montrer quelques images de la grandeur humaine ». Un choix qui sonne comme une consécration précoce pour un écrivain de seulement trente-deux ans à cet instant.

La Vie devant soi, d’Émile Ajar/Romain Gary (Mercure de France, 1975)
Décidé au huitième tour de scrutin, le sacre d'Émile Ajar demeure un fait unique dans l'histoire du prix Goncourt. Alors que la récompense ne peut être attribuée à deux reprises au même écrivain, la publication de Romain Gary, La Vie devant soi, sous son nom d'emprunt, a brouillé les cartes de l'Académie. D'abord refusé par son auteur, le prix lui est toutefois remis sans que le double-jeu ne soit éventé. Il faudra attendre sa disparition, cinq ans plus tard, pour que son neveu révèle un secret bien gardé.
L'Amant, de Marguerite Duras (Minuit, 1984)
En partie autobiographique, L'Amant de Marguerite Duras connaît un succès retentissant dès sa sortie puisque le roman s'écoule à plus de 250 000 exemplaires. Adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1992, il obtiendra le prix Goncourt en 1984 devant L’Été 36 de Bertrand Poirot-Delpech et Le Diable en tête de Bernard Henri-Lévy. Après l'élimination polémique de son roman Un barrage contre le Pacifique lors de la sélection Goncourt 1950, sa victoire est alors considérée comme une reconnaissance tardive face à sa popularité croissante.
Les Bienveillantes, de Jonathan Littell (Gallimard, 2006)
Roman-fleuve de 1403 pages, Les Bienveillantes crée un événement littéraire en obtenant consécutivement le grand prix du roman de l'Académie française et le prix Goncourt. Avec son imbrication de personnages fictifs et de faits réels, il suit un protagoniste imaginaire, Maximilien Aue, officier SS ayant participé à l'élaboration de la « solution finale ». Vendu à plus de 700 000 exemplaires, il est surtout le second texte en dix-sept ans de Jonathan Littell, écrivain parallèlement engagé dans l'action humanitaire.