Covid-19 – Vaccination en France : Quel avenir pour la stratégie du gouvernement ?
Par Céline B. pour BU
Alors que la campagne vaccinale a démarré en France le 27 décembre, la stratégie gouvernementale a pris un lourd retard par rapport à ses voisins européens et internationaux. Si les mots-clés « amplifier », « accélérer » et « simplifier » sont désormais martelés dans chacune des allocutions, seules 45 000 personnes ont déjà été vaccinées dans l'Hexagone (contre plus de 300 000 en Allemagne ou en Italie). Entre incertitudes autour du calendrier proposé, défiance des français à l'égard des vaccins et difficultés à entrevoir un horizon de sortie de crise, quel avenir peut-on envisager pour ces prochains mois de pandémie ?

Une course (contre la montre) aux vaccins
Après l'autorisation du vaccin Pfizer, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a finalement donné son consentement, ce mercredi 6 janvier, pour le vaccin Moderna, fondé sur la même technologie de l'ARN Messager. Grâce à cette technique identique, chacun d'entre eux possède des caractéristiques similaires visant à lutter contre les formes symptomatiques du Covid-19. Le temps défini entre les deux injections reste toutefois plus flou. Pfizer vient ainsi d'étendre l'administration de la seconde dose jusqu'à dix semaines après la première (au lieu de trois) face à Moderna qui maintient son délai de quatre semaines. Tandis que les scientifiques s'accordent pour souligner leur forte ressemblance, la méthode de conservation des deux vaccins s'impose comme la principale différence et l'un des critères rendant plus simple ou plus complexe leur utilisation. Si le vaccin Pfizer doit être entreposé à une température de -71 degrés, la version de Moderna ne nécessite qu'une exposition à -20 degrés. Plusieurs paliers de séparation qui changent la donne à propos d'une logistique parfois difficile à saisir.
Partout dans le monde, la course au vaccin, indispensable pour sortir de la pandémie, ne faiblit pas pour autant. Validé le 4 janvier, le vaccin AstraZeneca s'inscrit, pour sa part, dans un cheminement plus classique en testant la reconnaissance de l'agent pathogène par le système immunitaire. Comme le fait déjà, par exemple, le vaccin contre la grippe, il vise à empêcher l'infection ou allège les symptômes en permettant au corps de détecter le virus. Moins coûteux, plus facile à conserver que ses deux prédécesseurs (entre deux et huit degrés), il est l'un des espoirs les plus importants de la lutte contre le coronavirus, d'autant qu'AstraZeneca estime pouvoir fabriquer trois milliards de doses en 2021. En France, le vaccin Sanofi se fait, quant à lui, toujours attendre. Initialement annoncée au mois de juin, sa disponibilité a été repoussée en fin d'année. Non sans relancer des polémiques sur le retard français au cœur de cette crise et le manque de moyens consacrés à l'investissement technologique (notamment dans les start-up de biotechnologie).

Une lenteur française pointée du doigt
Vivement critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire, le gouvernement se voit, à présent, reprocher une lenteur et une prudence excessives comparativement aux autres pays du monde. Avec 150 000 personnes vaccinées par jour, soit l'équivalent de 12% de la population aujourd'hui, Israël fait figure de champion de la vaccination après avoir financé les doses en augmentant les prix du marché de 43%. Ayant pris conscience du retard engrangé, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'est ainsi engagé, en conférence de presse, sur la livraison de 78 millions de doses avant l'été. Il a également indiqué une accélération dans le calendrier vaccinal initialement prévu : après les résidents et les personnels d'Ehpad, tout comme les soignants de plus de 50 ans, les plus de 75 ans seront invités à se faire vacciner dès le 18 janvier. Si le mot d'ordre est, dans un premier temps, de protéger les plus vulnérables, les décisions qui vont être dévoilées dans les prochaines semaines auront une influence cruciale sur notre futur.
Les inconnues demeurent encore nombreuses autour de l'évolution du coronavirus mais aussi de l'effet et du retentissement à plus long terme des vaccins. S'il est prouvé que le vaccin acquiert sa pleine efficacité (à 95%) une semaine après la seconde injection et protège des formes pulmonaires graves, rien n'est tranché sur la question de la transmission. Même vaccinés, serons-nous toujours porteurs de la maladie et surtout potentiellement contaminants pour autrui ? Des inquiétudes subsistent tout autant sur l'immunité, pour le moment estimée à trois mois, ainsi que l'arrivée sur différents territoires d'un variant apparu en Angleterre et en Afrique du Sud. Les virus connaissant fréquemment des mutations, le monde médical assure que le bénéfice des vaccins déjà produits ne devrait pas être impacté mais alors que l'épidémie ne connaît pas de cesse, les doutes restent omniprésents et seul le temps semble avoir dorénavant le pouvoir de les dissiper.