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Festival du film fantastique de Gérardmer - Ces grands prix qui ont marqué son histoire

Par Céline B. pour BU


À l'aube d'une 28ème édition entièrement disponible en ligne (crise du Covid oblige), le Festival du film fantastique de Gérardmer a dû renouveler sa formule et s'adapter aux conditions sanitaires. Souvent vécu comme le rendez-vous des amateurs du cinéma de genre, il représente l'occasion de découvrir des films novateurs en mettant en valeur des cinéastes émergents. Flash-back sur quelques-unes des œuvres révélées durant ces dernières années, justement récompensées par le Grand Prix du jury.



Créatures célestes, de Peter Jackson – Grand Prix du jury 1995


En 1994, Peter Jackson ne possède pas encore son aura actuelle, n'étant alors que le réalisateur de trois longs-métrages aussi gores que cultes, adoubés par un public déjà fervent. La surprise n'en est que plus grande de le voir aux commandes d'un film tel que Créatures célestes, adaptation d'un fait divers survenu dans les années 1950 en Nouvelle-Zélande. Plus feutrée que ses prédécesseurs, cette histoire d'amitié qui tourne au drame est venue imposer son sens indéniable de la narration et sa capacité à faire cohabiter les styles. Entre onirisme et réalisme, il cherche à comprendre le geste de ses héroïnes sans porter de jugement inopiné, ni les condamner sans procès. Devant sa caméra, ce sont également Melanie Lynskey et surtout Kate Winslet qui éclosent à l'écran en livrant deux performances sensibles et intenses.


Scream, de Wes Craven – Grand Prix du jury 1997


Inspirée par le tueur en série de Gainsville, la ville où vivait le scénariste du film, Kevin Williamson, la saga Scream, véritable carton des années 1990, a terrorisé des milliers d'adolescents. Comme dans ses précédents succès, de La Colline a des yeux aux Griffes de la nuit, Wes Craven y joue avec l'image du slasher dans un mélange d'humour grinçant et d'horreur pure. Grâce à son personnage de Ghostface, mi-couteau acéré, mi-costume fantomatique, il a inventé une figure culte, terreur d'une lycéenne, Sidney Prescott, prête à tout pour l'arrêter. Triomphe public et critique, le film a considérablement influencé un cinéma d'épouvante en perte de vitesse, allant même jusqu'à devenir un phénomène de société apte à lui ouvrir une nouvelle voie.


Cube, de Vincenzo Natali – Grand Prix du jury 1999


Contre toute attente et malgré ses allures de tentative horrifique modeste, Cube a tout conservé de sa féroce efficacité, vingt-deux ans après sa sortie. Loin de n'être qu'un petit film malin, le premier essai du canadien Vincenzo Natali a transformé ses limites (un budget riquiqui et des acteurs inconnus) pour en faire ses principales forces. Dans ce cube vide au sein duquel un homme s'éveille, plusieurs anonymes vont bientôt se rencontrer et constater qu'ils y ont été enfermés sans le savoir. S'ensuit un jeu de massacres plus ambitieux que prévu qui ne ménage ni ses effets, ni les montées en tension réservées à son spectateur. En toile de fond, le cinéaste métaphorise des hommes et des femmes conditionnés par la société jusqu'à sacrifier la solidarité au prix de l'individualisme. Dans un sous-texte toujours d'actualité.


Morse, de Tomas Alfredson – Grand Prix du jury 2009


Maintes fois récompensé en festival et encensé par la critique, Morse fut la « surprise qui venait du froid » lors de sa sortie en 2008. Dans cette adaptation du roman Laisse-moi entrer de John Ajvide Lindqvist, le réalisateur suédois Tomas Alfredson filme la troublante relation entre un adolescent, victime des quolibets de ses camarades, et sa jeune voisine. Relecture intimiste du mythe vampirique, le long-métrage s'incruste dans une banlieue obscure pour mieux décrypter les rapports de force à un âge où la violence devrait être proscrite. Il sait aussi insuffler une réflexion sur l'androgynie et la frontière des genres sans oublier d'y ajouter une touche de poésie, de suspense et d'émotion.


Grave, de Julia Ducournau – Grand Prix du jury 2017


Découvert à la Semaine de la critique lors du Festival de Cannes, Grave s'est imposé comme l'enthousiasmante révélation d'une réalisatrice dans le paysage contrasté du cinéma de genre français. Diplômée de la Femis, Julia Ducournau a choisi d'expérimenter ses références de body horror dans une association entre teen movie et horreur où elle interroge la quête du désir et d'émancipation. Par l'intermédiaire de son héroïne, une végétarienne qui découvre – littéralement – le goût de la chair, elle crée un film épatant de maîtrise pour une première œuvre, évoquant parfois la radicalité de David Cronenberg. Dans son aspect viscéral, à l'humour fulgurant par instants, Grave fait partie de ces longs-métrages osés qui savent susciter l'attrait des sens tout en forçant au questionnement sur l'inévitable transmission de générations en générations.

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